Cet article est extrait du Blog de Data Lama –
Une entreprise spécialisée en gestion des données et IA responsable.
La montée en force du métavers, cet espace immersif en 3D où tout ou presque semble possible, peut faire peur à certains. Et à juste titre ! Les experts s’entendent pour dire que le métavers est un peu le farwest du 21ème siècle, un lieu où les lois en matière de vie privée, de respect de la propriété et de l’intégrité des personnes et des biens ne semblent pas (encore) avoir cours.
Ceci ne devrait pas toutefois nous empêcher d’adopter des pratiques non seulement conformes aux réglementations en vigueur mais aussi exemplaires en matière éthique pour bâtir des espaces en ligne respectueux de nos droits et libertés fondamentaux.
Dans cet article, nous vous proposons donc de découvrir des conseils pour construire un métavers éthique.
Bien sûr, l’éthique n’est pas une science basée sur des principes universels et invariables à travers le temps et l’espace. Mais nous pouvons tout de même nous appuyer sur quelques valeurs clés pour développer un monde virtuel alternatif, où l’innovation technologique ne fait pas fi des principes qui fondent nos sociétés démocratiques.
Respect de la vie privée dès la conception
Enjeu : Bien plus que n’importe quel espace en ligne, le métavers génère un nombre impressionnant d’informations capturées en temps réel sur les personnes, leur environnement et leurs interactions. Ces données spatiales et sociales peuvent fournir un ensemble de détails sur l’état physique, mental et émotionnel d’une personne. Pensez par exemple aux jeux vidéo comme World of Warcraft et GTA où l’on peut passer des heures en compagnie de personnes que l’on connaît à peine et avoir des conversations sans limites sous la forme d’un avatar.
Solution : Protéger toutes ces données personnelles est essentiel pour bâtir un métavers éthique. Cela implique non seulement d’appliquer les lois en vigueur pour bien informer les utilisateurs et obtenir un consentement libre, manifeste et éclairé concernant les usages faits de leurs informations, mais aussi de mettre en oeuvre des pratiques exemplaires en matière de protection des renseignements personnels. Ceci passe par un contrôle strict du stockage et de l’usage des données individuelles que nous sommes amenés à gérer en tant que créateur et gestionnaire de métavers. En optant pour les services de tierces parties (pour le stockage de données, par exemple), il faut à chaque fois s’assurer que leurs serveurs sont bien entreposés dans une juridiction respectueuse de la protection des renseignements personnels et connaître leurs modalités de protection et de partage des données.
Sécurité du monde numérique
Enjeu : Au cœur du métavers, la frontière entre le monde réel et la réalité virtuelle peut rapidement se brouiller. De la sorte, le risque et l’impact d’un dommage numérique peuvent devenir aussi importants que ceux d’un dommage physique. Non seulement la sécurité et l’intégrité des utilisateurs peuvent être en jeu s’ils sont menacés ou agressés en ligne, mais ils peuvent aussi sentir durablement les effets d’interactions numériques nocives dans le monde réel. C’est pour cela que la sécurité du métavers est si essentielle. Pourtant, la modération d’un tel environnement immersif peut s’avérer complexe tant il y a de contenus statiques (images, textes, vidéos) et dynamiques (gestes et paroles ) à contrôler.
Solution : Garantir la sécurité du métavers exige d’adopter des pratiques hybrides de modération, afin de s’assurer que l’environnement virtuel ne vienne pas mettre en danger la santé mentale comme physique des utilisateurs. Les gestionnaires du métavers se doivent de monter une équipe de modération qui va tout d’abord identifier et hiérarchiser les méfaits potentiels (par exemple, la désinformation, l’intimidation, l’extrémisme, l’aggression) ; puis développer des outils pour prévenir et sanctionner les actes et contenus préjudiciables ; et enfin informer et former constamment des utilisateurs pour venir les soutenir dans le maintien de la sécurité et de l’intégrité de l’environnement virtuel. À ce titre, il est conseillé de bâtir une charte éthique que chaque utilisateur du métavers s’engage à respecter avant même de pénétrer dans l’espace virtuel. Par la suite, un système d’alerte et de rapport automatique peuvent se mettre en place si une personne vient à poser un geste répréhensible : insulte proférée, geste potentiellement violent, etc. Par la suite, des sanctions devraient être appliquées conformément à la gravité du méfait (de l’avertissement à l’exclusion définitive avec signalement aux autorités compétentes).
Inclusion, diversité et accessibilité
Enjeu : Certains diront que les espaces numériques sont d’emblée plus inclusifs et divers car l’on peut s’y exprimer librement, adopter l’apparence que l’on souhaite et vivre des expériences que le réel ne rend pas toujours possible dans nos vies. D’autres, au contraire, argueront que le monde numérique est un lien d’exclusion où les comportements « déviants » par rapport à une norme sociale sont violemment critiqués, conduisant à des attaques, de la cyber-exclusion, voire du cyber-harcèlement groupé et anonyme. En fait, il n’existe pas de manière de trancher sur cette question, tant la réalité numérique présente nombre de facettes contradictoires.
Solution : L’important, pour bâtir un métavers éthique, est de bien prendre conscience de tous ces risques, tout en développant des solutions simples pour favoriser une plus grande inclusion, diversité et accessibilité du monde virtuel. Tout d’abord, un créateur de métavers peut permettre à travers le choix et la personnalisation des avatars de laisser aux utilisateurs libre cours à leur imagination et aspirations. Aujourd’hui, dans un jeu vidéo comme Second Life ou GTA, on peut choisir sa couleur de peau, sa forme corporelle, son attirail, ses tatouages, ses accessoires… et même adopter la profession de son choix. Qui plus est, un métavers inclusif peut revêtir des options supplémentaires pour devenir accessibles aux personnes souffrant d’un handicap ou de problèmes cognitifs, en intégrant par exemple des signaux visuels ou sonores qui permettent de mieux guider les utilisateurs à travers le monde virtuel.
Respect de l’environnement
Enjeu : La lutte contre le réchauffement climatique est l’un des plus grands défis de notre génération. Et dans le monde numérique, il se pose avec d’autant plus d’acuité. Car on le dit souvent, les interactions virtuelles produisent des impacts bien réels sur l’environnement en exigeant des capacités de stockage et de calculs qui viennent dépenser des quantités importantes d’énergie dans les entrepôts de serveurs et les centres de données.
Solution : Les experts s’entendent sur un point : il n’y a pas de solution simple à l’augmentation croissante de l’impact énergétique de nos activités virtuelles. Malgré cela, certains s’aventurent à dire que si nous choisissons de substituer à nos comportements réels des attitudes virtuelles dans le métavers, alors nous pourrions peut-être contrebalancer les impacts négatifs de nos actions quotidiennes sur le changement climatique. Par exemple, seriez-vous prêt à renoncer à l’achat d’une paire de jeans ou de chaussures pour choisir d’habiller virtuellement votre avatar dans le métavers ? C’est assez improbable. En revanche, il est possible qu’une rencontre internationale dans le métavers vienne avoir un impact carbone bien moindre qu’un symposium réel réunissant des centaines d’acteurs dans le monde entier.
Bienfaisance et impact positif
Enjeu : Finalement, on le voit avec le développement des métavers de Facebook/Meta et d’autres géants du web, le monde virtuel pourrait rapidement devenir une réplique exacte de notre monde réel, reproduisant finalement ses mécanismes et ses travers. Autrement dit, il est possible que l’on nous propose d’entrer dans des mondes virtuels dont l’objectif principal sera pour leur créateur de nous offrir un bien ou un service, de nous présenter des publicités ciblées et de nous conduire à dépenser davantage d’argent en ligne. Est-ce vraiment pour cela que nous souhaiterions évoluer dans un métavers ?
Solution : S’assurer que le métavers est un lieu sécure et agréable ne suppose pas uniquement d’y développer une expérience utilisateur (UX) optimale, par exemple en minimisant les risques pour notre santé mentale ou physique. En fait, en plus de l’objectif de non-malfaisance, il nous faut envisager un métavers utile socialement. À Data Lama, nous pensons que le métavers doit servir un objectif social primordial, en lien avec l’acquisition de nouvelles connaissances, le développement de nouvelles expériences et la création d’interactions qui viennent nous faire grandir en tant qu’individu et membre d’une société plus solidaire et résiliente.